Premier ecceuil, l'ARCEP, organisme public d'état, propose les formulaires à remplir sur Internet, ce qui semble de bon goût pour un organisme qui est sensé réguler le monde des communications électroniques (et postales). Le formulaire de déclaration d'un opérateur est un fichier Word. Il n'est pas proposé d'autre solution : on ne peut pas demander à recevoir le formulaire en papier, il n'est pas disponible en PDF, il n'est pas disponible en OpenDoc. L'ARCEP suppose donc que pour pouvoir être un opérateur de télécommunication, il faut disposer impérativement et évidemment de MSWindows et de MSWord. Le document passe relativement mal sur OpenOffice. Tellement mal qu'il a fallu 3 ou 4 plantages d'OpenOffice pour réussir à remplir le formulaire en s'y prenant en plusieurs fois.

Ça montre, s'il en était besoin, que l'ARCEP, autorité nationale de régulation d'un service essentiel qui n'est soumis à la concurence qu'à la force du poignet, méconnait les principes que l'État essaye, avec difficulté et sans conviction, de faire avancer : l'indépendance sur le plan informatique. En effet, bon nombre d'administrations, y compris les assedic et un grand nombre de mairies, fournissent de plus en plus leurs documents dans des formats ouverts. Il semble que ce genre de pratique devrait être une base pour un régulateur. Par définition, un régulateur devrait être neutre. Il ne doit pas supposer que les gens utilisent une technologie plutôt qu'une autre, tant que ça n'entre pas en conflit avec la régulation qu'il assume.

Comme ce qu'il régule, ce ne sont pas les logiciels de bureautique, et comme il n'a pas pour mission de permettre à Microsoft de ne pas souffrir d'un concurrence déloyale, on comprend mal pourquoi les formulaires sont mis à disposition dans un format propriétaire (probablement breveté dans les endroits du monde où c'est autorisé). Bref, on pourrait croire que ça dénote un certain manque d'éthique, alors que ça dénote uniquement un manque de compétences techniques : il y a fort à parier que le responsable qui a décidé de la mise en ligne du document est convaincu que du mail ça se lit forcément avec Outlook, et qu'un texte ça s'écrit forcément avec MSWord. Ça donne une bonne idée de la vision que cette personne là (sans préjuge de l'organisme lui-même) à de la libre concurrence, en matière de logiciels pour cet exemple-là.

Un détail amusant : quand on lit le long document qui explique, dans un jargon juridique peu clair pour un néophyte, quel type d'opérateur doit déclarer quoi, on peut être agréablement surpris de trouver un lien vers un document en PDF. Mais la surprise est de courte durée : ce formulaire n'est plus valable, il est plus ancien que celui, en format MSWord, qui est en annexe à la fin du même texte.

Il faut tout de même noter que la majorité des documents présentés sur le site de l'ARCEP sont dans des formats moins hostiles, essentiellement du PDF et du HTML.